Le nomadisme, mode de vie séculaire des minorités yéniches et sintés en Suisse, est mis en péril par une politique de zonage soutenue par la LAT de 1979 qui inscrit chaque parcelle de territoire et son usage dans un cadre juridique. Pour les nomades, la recherche des lieux de halte qui leur sont nécessaires est au centre de leurs préoccupations. La réponse institutionnelle – un réseau d’aires d’accueil monofonctionnelles situées à l’écart de la vie urbaine et des services – limite l’expression de ce mode de vie à des lieux désignés. Le projet propose d’explorer la possibilité d’un réseau alternatif sur le territoire lausannois, à travers la cartographie de potentielles surfaces d’accueil – lieux du domaine public occupés de manière saisonnière ou ponctuelle – et de points d’accroche – édicules, fontaines et toilettes publiques – qui constituent autant d’éléments permettant la vie dans l’espace public. Un parking desservant des infrastructures sportives à Vidy, la cour du gymnase du Bugnon et le parking d’une salle de fête à Sauvabelin sont les sites d’exploration du projet. La transformation de ces espaces s’opère ou par la réhabilitation ou par la construction de nouveaux édicules qui offrent les prises techniques nécessaires aux nomades et des programmes spécifiques au contexte. Un travail de traitement des sols vise à apporter des conditions d’habitabilité à ces espaces et à tisser des liens. Au-delà de l’accueil des nomades, l’objectif de ces interventions est d’entamer une réflexion sur la possibilité d’expression spatiale de différents modes de vie dans l’espace public.