Spectacle et dématérialisation ont métamorphosé la musique vivante depuis un siècle. Nous voilà envahis par la culture de l’image, les mises en scènes spectaculaires et immersives. L’illusion est sous contrôle. En parallèle, le gramophone est devenu digital. Les salles de concert se sont transformées en festivals open air et en plateformes de streaming. L’espace n’est plus la même contrainte pour le son. Dans ce tourbillon de mutations, la ville demeure lieu des possibles. Une symphonie de formes, de rythmes et de matière. C’est aussi dans ce théâtre naturel que se dresse l’espace public. Instant du quotidien, de l’ordinaire et du réel, lieu de résistance face au grand spectacle de la société. Un terrain de jeu idéal donc, pour tenter de renouer les liens charnels entre son et espace, entre art et réalité. Promenez-vous à Lausanne et vous verrez qu’il existe au coeur de la ville une salle de concert à ciel ouvert. Monumentale, minérale et rectangulaire, la Riponne réverbère. Pour l'heure, cette scène urbaine, prisonnière d'un parking, est délaissée par les urbanistes. Voilà qui offre un terrain d’expérimentation idéal pour le son. Alors maintenant, musique manifeste-toi. Car la place de la Riponne est comme un disque, que les sorties du parking n’attendent qu’à amplifier. Piétons et voitures, souriez car vous êtes sonifiés !