C’est un long jardin autour du lac, ou, mieux, une succession de jardins de différentes natures, par lesquels on passe, on se promène, on prend refuge. La densité de la végétation forme de petites chambres en enfilade, qui s’ouvrent sur des clairières et des vues de l’eau. Le projet s’infiltre entre les propriétés privées et le contour de l’eau, pour redonner une épaisseur aux rives et les rendre accessibles. Les bords du lac Léman étant privatisés à plus de 60% (70% à Genève), une grande part de ce paysage demeure exclusif et impraticable. Or l’accès à l’eau est un droit et le lac constitue un bien commun, un lieu extrêmement précieux pour s’hydrater, se rafraîchir et se protéger. Ainsi, le long des 7 km qui séparent la ville de Genève et le canton de Vaud, l’accès visuel et tactile à l’eau est constamment entravé. C’est une campagne clôturée, parsemée de villas et de luxueuses résidences. Si les rives étaient d’immenses marécages et roselières sur lesquels on a construit villas et jardins au XIXe siècle, il faut à présent créer un troisième paysage, contemporain, à même de répondre aux besoins et aux plaisirs de toutes les espèces vivantes. Sur ces 7 km, j’ai identifié quatre situations pour libérer l’accès des rives, chacune avec son argument spécifique : la propriété publique, le patrimoine, le refuge de la biodiversité et l’ouverture d’un cours d’eau. Ces quatre projets sont les premières étapes d’un processus, où les plages s’intègrent, se multiplient et se relient entre elles. Comme un long jardin, c’est un parcours formé par la somme d’espaces particuliers.