Point d'ancrage dans le paysage, la ruine d'un habitat pastoral est aussi la trace d'un moment passé. De cet ancien habitat, il ne reste que les murs, investis par la végétation de ce rude climat d’altitude, dont les pierres ont commencé à s'éroder et à rouler en contrebas. Il existe plusieurs de ces ruines dans cette partie du Jura vaudois, mais celle-ci est la seule qui conserve les vestiges d'une habitation. Le projet consiste dans la réutilisation de cette ruine en tant que vestibule d'une distillerie d'absinthe, couverte par une ample toiture servant de séchoir. La ruine, couverte elle aussi par une nouvelle toiture, est utilisée en tant que marqueur paysager. Elle sert d'entrée à ce nouveau corps qui introduit le visiteur de manière dérobée. Sous l'ample séchoir, toiture froide et aérée, les alambics de cuivre chauffent doucement la récolte du jardin productif situé tout autour. Ce dernier est traversé par la frontière séparant la Suisse et la France, ligne légale mais non naturelle, ignorée des graines portées par le vent ! Cette distillerie d'absinthe est à la fois le générateur d'une nouvelle activité productive agricole, mais aussi touristique et culturelle. L'été, lorsque le travail de la distillerie reprend, l'ensemble est visitable et une buvette permet d'accueillir des visiteurs. L'hiver, seule la ruine et un abri chauffé sont ouverts pour servir de refuge aux randonneurs.