Face à la production artistique contemporaine, l’architecte concepteur de musée peine à trouver sa place. La distorsion entre art et architecture est plus flagrante encore dans un genre particulier d’infrastructure muséale: le musée monographique. Ce type de bâtiment se doit d’entretenir un dialogue critique fort avec son contexte urbain et culturel, afin de proposer une nouvelle compréhension du site, tout en s’engageant envers l’œuvre de l’artiste qu’il abrite pour ne pas en entraver la compréhension. En proposant un musée pour Richard Serra à Bâle, mon projet explore cette thématique par le biais des contraintes induites par les œuvres de l’un des plus fameux artistes du XXe siècle. Le projet s’est développé sur la base du dimensionnement spatial nécessaire à accueillir et exposer correctement les œuvres du sculpteur. Parallèlement à cette introversion, la structure du bâtiment se positionne en dialogue avec son contexte extérieur par des voiles qui orientent l’espace dans l’axe Est-Ouest, vers le Rhin et les rails des trains de marchandise. Le système porteur naît dans le socle semi-enterré, puis s’élève hors de terre jusqu’à recevoir la couverture de l’espace muséal. Semblable à un coffre-fort – il abrite d’ailleurs les archives – ce socle contraste avec l’espace d’exposition qui, lui, s’ouvre à un dialogue plus franc avec l’environnement et positionne clairement le bâtiment.