Persistance d’un état après la disparition de sa cause. Ainsi se définit la rémanence, un phénomène qui se matérialise dans l’architecture du val d’Anniviers en un assemblage de roche et de bois qui résiste mais ne sert plus. Le bétail ne pâture plus, le foin n’est plus fauché, la forêt reprend ses droits et l’architecture agro-pastorale reste l’unique témoin de l’auto-subsistance anniviarde. Les habitant·e·s du val avaient pour coutume de conserver un fromage jusqu’au jour de leur décès, afin de l’offrir lors de l’enterrement. Le fromage des morts, qui pouvait s’affiner sur une centaine d’années. Alors que cette pratique n’est plus, que son souvenir s’estompe, l’objectif est de développer une production à petite échelle dont le produit fini sera ce fromage. Sur le Mayen, l’herbe ne prédomine plus, et pourtant les raccards en ruine parsèment le pâturage aujourd’hui recouvert de mélèzes et de bouleaux. Toute intervention sur le site implique une compréhension des principes intrinsèques à la vallée : comment habiter la pente, l’entretenir et l’exploiter. Il paraît essentiel d’appliquer au projet la logique du moindre effort. Ainsi, la majorité des matériaux bruts provient directement du site, ce qui limite au maximum leur transformation. Ni accès routier ni grands travaux d’excavation, la topographie est terrassée par des murs en pierre sèche, les forêts sont défrichées pour servir de bois de construction. Empruntés au site, tous les matériaux lui seront restitués à la mort de l’exploitation.