Au cours des prochaines années, le paysage urbain de la région lausannoise subira des transformations significatives, et ce en raison de la mise en œuvre de plusieurs projets de grande envergure. Ceux-ci impliquent une quantité importante de matériaux neufs, essentiellement du béton armé, et de grands volumes d’excavations. Réexaminer, à travers le matériau et le sol, la manière dont on construit nous semble dès lors essentiel. Face à un tel contexte, notre projet propose de considérer la matière d’excavation comme une ressource. Nous nous intéressons en particulier à la roche, pour laquelle il existe peu d’exemples de valorisation. Au-delà des arguments environnementaux d’une telle démarche, l’emploi de la molasse de l’Aquitanien (molasse grise de Lausanne), dominante dans le sous-sol de la région, permet de réinscrire ce matériau dans l’architecture locale. Afin d’envisager un futur pour la molasse d’excavation, le projet investit la deuxième partie du quartier des Plaines du Loup et la station de métro M3 qui, en carrière urbaine, fournit la pierre nécessaire à la construction de la moitié du futur site. Les enjeux techniques de l’extraction, la transformation et la mise en œuvre constituent la base sur laquelle le projet se développe. Pour imaginer une nouvelle architecture de la molasse, le projet explore le mur qui n’est plus cantonné à un rôle structurel mais autorise des moments propres à cette pierre massive dont l’épaisseur peut abriter une niche, un seuil, ou un élément de mobilier. Il s’agit ici de trouver un équilibre entre la singularité des espaces produits par la pierre et la répétition de la trame, afin de proposer un système de logement collectif.