Formalisme – Réalisme / Sarcelles VI

Rafael Ferreira Da Silva

/

Gregorio Ernesto Heim

/

Julian Molliet

Sarcelles, portrait d’une ville

Le « grand ensemble » de Sarcelles regroupe 12 300 logements construits de 1954 à 1982. Au-delà de sa taille, il est exemplaire par le nombre de communautés qui y cohabitent harmonieusement et par son caractère véritablement urbain. C’est une ville moderne réalisée, au sens traditionnel du terme, avec rues animées, commerces, bars et restaurants.

Comme tous les quartiers français de l’après-guerre, il est actuellement transformé par l’Agence Nationale de la Rénovation Urbaine (ANRU). Ses acteurs, réunis par une commune détestation de l’urbanisme et de l’architecture de l’Après-guerre, cherchent systématiquement à remplacer les bâtiments existants par de nouveaux, sans aucun égard pour la qualité intrinsèque et potentielle de ces bâtiments, ni pour leur valeur historique. Ainsi, à Sarcelles, où la majeure partie du grand ensemble est construite en pierre massive, des « barres » construites dans ce matériau aussi durable que pérenne ont été démolies pour être remplacées par des plots génériques isolés par l’extérieur. Perte culturelle, perte urbaine, perte environnementale, perte financière.

Les architectes de Sarcelles, Henri Boileau (1909-1989) et Jacques-Henri Labourdette (1915-2003), appartenaient à une tradition d’architectes modernes qui, à l’instar de Fernand Pouillon (1912-1986), avait été formée par Eugène Beaudoin (1898-1983). Une tradition qui se caractérise par un intérêt particulier pour la composition de séquences urbaines, pour la relation entre les pleins et les vides, entre les bâtiments et la qualité des vides qu’ils produisent entre eux. C’est cette qualité que l’on retrouve à Sarcelles, comme dans les réalisations de Fernand Pouillon, telles que l’ensemble de logements du Point du Jour à Boulogne, que Boileau et Labourdette termineront après le placement de leur auteur en prison.

Chaque projet développé par les étudiant.e.s a consisté en la transformation d’un immeuble de logements, exemplaire de l’une des dix phases de construction du grand ensemble, souvent voué à une démolition-reconstruction future, afin de montrer comment il peut être conservé et transformé. Une réflexion formelle à la croisée de l’usage, de la construction, de la sauvegarde patrimoniale, des enjeux environnementaux, ou comment l’habitat parle du monde dans son ensemble.


Sarcelles VI

La phase n°6 du Grand Ensemble de Sarcelles occupe la zone sud-ouest. Un bâtiment attire notre attention par sa spécificité unique dans l’ensemble: un îlot à cour. Nous décidons d’intervenir sur ce bâtiment car il ne répond par à sa condition de cour. Son périmètre est composé de quatre barres traitées comme les autres qui ne dialoguent pas avec le parc en leur centre. L’ambition de notre projet est de concilier le logement avec la cour à travers deux actions principales: le déplacement des distributions par une coursive interne à l’îlot et un travail typologique.

La coursive possède trois épaisseurs (lumière, circulation, terrasse) et sa forme s’adapte aux arbres existants de la cour. Elle est activée par quatre nouvelles cages d’escaliers. Elle réagit également à l’orientation: le bâtiment au sud (façade intérieure nord) accueille des duplex, interrompant la coursive sur un étage et laissant passer la lumière. La matérialité se veut réfléchissante afin de favoriser l’apport de lumière dans les appartement et de refléter le parc existant.

Le déplacement de la circulation vers l’extérieur du bâtiment permet une vaste liberté dans la conception des typologies. Les interventions majeures ont lieu à l’emplacement des anciennes cages d’escaliers qui accueillent désormais les salles d’eau ou encore les escaliers des duplex. La structure porteuse, les dalles ainsi que les façades sont maintenues intactes. De plus, le projet propose une nouvelle diversité typologique quasiment inexistante jusqu’alors. Ainsi dans les angles, les grands appartements peuvent accueillir des collocations entre personnes âgées ou étudiants. Dans le bâtiment sud, les grandes familles à l’étroit dans les T3 et les T4 existants bénéficient davantage de place dans les duplex. Les appartements suivent des règles que nous avons définis afin d’améliorer l’interaction avec le parc.

- La typologie est traversante.
- La cuisine donne sur la coursive.
- Chaque pièce présente au minimum deux possibilités d’entrer ou de sortir, on ne se retrouve jamais devant une impasse.

Team
Unit:
TEXAS
Teachers:
Eric Lapierre
Assistants:
Tanguy Auffret-Postel, Diogo Lopes, Thibaut Pierron, Mathilde Marie Thiriot
Infos
Year:
2024
Period:
Spring
Category:
Semester Project
Topic:  
Architecture
Copyright:
CC BY Licence
Permalink
livingarchives.epfl.ch/projects/6507/formalisme-realisme-sarcelles-vi/