Au nord de la Porte de la Villette, un hypermarché et parking désaffecté, communément appelé “Mausolée”, s’insère transversalement sous la ceinture continue que constitue le boulevard périphérique, entre la ville-centre et le périurbain. Ce monolithe dissymétrique en béton, construit conjointement avec le viaduc du périphérique en 1967, y intègre la structure de ce dernier dans ses plateaux libres. Muré et impénétrable depuis l’expulsion des occupations informelles successives, le bâtiment se dresse tel un reliquat associé à l’automobile, en attente d’une démolition. Paris, Transit investit cette structure inerte par la création d’une plateforme logistique du dernier kilomètre, une machine digestive capable d’absorber le flux de denrées alimentaires destinées à la vente et d’organiser leur acheminement décarboné vers l’intra et l’extra-muros de la ville. Au fil de ce trajet, les denrées invendues sont réacheminées au sein du bâtiment afin d’alimenter une cantine solidaire. Les plateaux libres existants sont percés par une trémie dans laquelle trois stockages en gradin s’élèvent sous une façade écran à l’échelle du périphérique. Les installations techniques, telles des éléments paysagers intérieurs, alimentent ces contenants et les boîtes programmatiques accueillant les activités humaines. Par le mouvement et la gravité, les denrées circulent à travers le bâtiment pour rejoindre le parcours des vélo-remorques. Cette mise en scène visible jusqu’en façade expose les coulisses de la distribution alimentaire, rendant possible à ce programme utilitariste de renouer avec la ville.