Au nord de l’Italie, dans un village de la vallée de la Valtelline, un bâtiment d'habitation accueille au rez-de-chaussée des espaces destinés à la production agricole. Il se situe à l’extrémité d’une parcelle consacrée à la culture du seigle et d’autres céréales. Les espaces d’habitation s’organisent de part et d'autre d’un épais mur en pierre de maçonnerie traditionnelle. Par son orientation est-ouest, ce dernier définit ainsi deux environnements différents, accentués par une dénivellation dans son épaisseur. Au nord, la circulation verticale mène de la cave au jardin d'hiver, où la maçonnerie s’affine à chaque étage pour fournir un support structurel et un espace plus généreux. Au sud, cuisines et chambres bénéficient de la vue sur les Alpes. Les « stüe » partagées, des salles communes recouvertes de bois, perpétuent la tradition de l'habitation alpine. La toiture profite de ses pentes pour recueillir les eaux pluviales destinées à l’irrigation et offrir un espace de séchage aux céréales cultivées à ses pieds. Le projet propose également une série de murs en pierre qui s'adaptent à la configuration du terrain et à leur fonction. Ils donnent une unité à la parcelle et transmettent une valeur culturelle supplémentaire au territoire. Face à la disparition des cultures autochtones, ils poursuivent la tradition des terrasses locales en pierre sèche, constituant un acte de territorialisation, comme théorisé par Magnaghi dans son livre « Le Projet Local ».