Conservatoire Anna Maria Sibylla Merian
Collectionneurs de plantes tropicales rares
— En tant que chercheurs ayant un but collectif, nous devons partager tout ce que nous trouvons, tous nos étonnements. À cet égard, prenons les lieux communs comme espace servant à l’échange.
— Aussi, bien que notre emprise sur les plantes soit souveraine et non-naturelle, nous devons prendre garde de revêtir la plus grande empathie envers ces êtres vivants.
— Tous les ouvrages d’exception que nous avons pu accumuler durant nos multiples périples doivent toujours être transportés dans des caisses hermétiques afin que les pages ne se désagrègent pas. Ils ne peuvent qu’être consultés une fois dans nos chambres respectives.
— Nous devons percevoir nos corps comme des topies, des lieux que nous ne pouvons quitter et qui nous sont révélés par l’humidité qui laisse nos peaux suintantes, et également par les miroirs composant les parois des salles de bains. Nous devons garder ces espaces clos, que sont nos corps, intacts, afin de ne pas cesser de laisser croître nos fantasmes et nos obsessions concernant les plantes. Nos corps doivent rester des créateurs d’utopie.
— Nous habitons un monument, il en est certain. Les gens ne doivent voir de l’extérieur que les plantes, laissons donc un mystère planer sur ce qu’il se passe à l’intérieur. Rappelons à ce fait que l’idolâtrie naît du mystère. Les gens doivent idolâtrer notre bâtiment sans en être conscients, au même titre que nous idolâtrons nos plantes.
— Nulle pièce ne disposera d’horloge, ce seront l’éclosion des plantes et l’avancement des nuages dans le ciel qui nous indiqueront les moments de la journée. Le temps est une substance que nous ressentons, mais que nous ne mesurons pas.