Le studio de projet « La Beauté de la connaissance, Merveilleuse (ir)régularité » porte sur la théorie de l’architecture croisée avec la représentation. Il explorera la spécificité de la rationalité architecturale, c’est-à-dire la rationalité d’une discipline tendue entre une partie technique, « objective » et mesurable, et une partie artistique, non mesurable et poétique.
Cette année, nous croiserons cette approche avec la question du pittoresque. Elle nous amènera à explorer des territoires intellectuels allant des philosophes français René Descartes à Gaston Bachelard, de l’architecture gothique revisitée par Viollet-le- Duc à Berlage, d’Adolf Loos à Mies Van Der Rohe, de la villa Katsura aux projets d’Eileen Gray, de l’Acropole d’Athènes au plan libre de Le Corbusier, de l’architecture des jardins à l’architecture des bâtiments, du plein au vide, de Lili Reich à Kazuyo Sejima, de Lina Bo Bardi au surréalisme, de Max Bill à Frederick Law Olmsted, de la Villa Hadriana à Voysey, du rationalisme au surrationalisme, d’Auguste Choisy à Richard Serra.
Le pittoresque sera revisité à partir de la notion du pittoresque grec telle que développée par Auguste Choisy à la fin du XIXe siècle. L’irrégulier est, par définition, dénué de règles. Cependant, Choisy a démontré comment les Grecs anciens ont défini des règles pour déterminer des compositions irrégulières, c’est-à-dire non symétriques et apparemment hasardeuses. Le pittoresque, puisqu’il le désigne ainsi, peut donc être vu comme une rationalisation de l’irrégulier qui n’est, au sens strict, qu’apparemment irrégulier. Cette tension d’opposition entre régulier et irrégulier est, par essence, architecturale, dans le sens où l’architecture repose, comme nous le verrons, sur des séries de contradictions internes structurantes.